Praline, pralin, et praliné : définitions culinaires et histoire du mot

Que l’on aime pâtisser ou simplement déguster, la praline est une confiserie incontournable et pourtant mystérieuse. D’où vient la praline ? Qu’est-ce que c’est ? Que sont le pralin, le praliné et tutti quanti ? Cet article répond à toutes vos questions.

Qu’est-ce que la praline ?

La praline, n.f : bonbon de forme rocailleuse faite d’une amande torréfiée et rissolée dans du sucre. Existe aussi en rose.

Origine du mot et légendes culinaires

Montargis, quelque part entre 1636 et 1649,

Encore une découverte due à la sérendipité ? D’après la légende, oui…

Tout aurait commencé chez le Duc César de Choiseul, comte du Plessis-Praslin. La vie de château, des festins bi-hebdomadaires mi-politiques, mi-relations publiques, mi-flambage de carte bancaire, et surtout, d’immenses cuisines.

Origine du mot praline, et définitions pralin, praliné.
Origine du mot praline, et définitions pralin, praliné. Victory Schneider

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La douce odeur de pâtisseries en préparation, le cliquetis d’ustensiles en bois et en porcelaine.

Le chef cuisinier orchestre ce gracieux et odorant ballet, il s’appelle Clément Jaluzot (ou Lassagne, selon les versions).
Notre bon Clément aurait fait tomber par inadvertance une amande dans du caramel. Une autre version est qu’il aurait été inspiré par un marmiton qu’il aurait vu grignoter des restes d’amandes pilés et d’éclats de caramel.

Le résultat est le même :

Clément Jaluzot ouvre sa propre boutique appelée la « Confiserie du Roy ». Il y vend des « praslines », dont il est largement reconnu qu’il est adapté du nom de son ancien maître, le comte du Plessis-Praslin.

On appelle antonomase un nom commun, comme la praline, qui vient d’un nom propre, comme le comte du Plessis-Praslin.

antonomase, n.f. désigne un nom propre (M. Poubelle) devenu nom commun (une poubelle). Autrement dit, quand quelqu’un a fait un truc tellement ouf qu’on prend son nom pour désigner cette chose. En savoir plus.


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Elle sera rachetée par un certain Léon Mazet et rebaptisée “Au maréchal duc de Praslin”, et qui tourne encore à ce jour.

Figurez-vous que la praline est citée dans l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert ! On y voit même la distinction entre la praline grise (non mondée), blanche (mondée) et rouge (colorée avec de la cochenille).

Cucul-la-praline : explication de l’expression

Comment est-on passé d’une délicieuse noisette enrobée dans du sucre bouillant à la notion de niaiserie et d’idiotie ? Recette :

  1. Prenez un mot péjoratif, comme « cul ».
  2. Dédoublez-le pour augmenter l’effet dévalorisant : « cucul ».
  3. Rajoutez un nom féminin derrière, pour amplifier son effet (les noms féminins ont un pouvoir intensifiant du fait du caractère plutôt sexiste de la langue française).
  4. Variez à l’infini :  cucul la rainette (chez Marcel Aymé).

On ne sait pas pourquoi la praline a été choisie pour compléter cucul. Mais une piste qui me paraît intéressante est que être idiot se disait également autre fois « être noix ». Un peu d’enrobage en sucre rose, et hop ! Mais ce n’est que mon hypothèse…


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Petite parenthèse : Comment la langue française crée des mots en cascade

Pour inventer des mots, une technique facile et sans effort consiste à prendre un mot et à le changer de catégorie grammaticale, et encore, et encore, et encore.

Exemple : avec le nom féminin praline, on a créé le verbe « praliner » qui signifie : faire rissoler dans du sucre. Et de ce verbe est né le nom d’une préparation à base de praline qui s’appelle… le pralin !

Pralin, qui es-tu ?

Pralin — Je suis tout de pralines réduites en poudre. Ou plus souvent, de noisettes et d’amandes caramélisées et broyées. On m’utilise comme sucre pimpé en pâtisserie. Gros bisous, ton pralin.

Et c’est là que se ramène le dernier luron de la famille Pralin.é.e : le praliné.


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Le praliné

Le praliné, c’est du pralin (à base de praline, ou pas) mixé. Les noix, un peu pulvérisées, vont exsuder l’huile qu’elles contiennent, et cette huile va nous faire obtenir une pâte onctueuse qui est la clef de voûte (je dis ça, parce que Notre-Dame vient de flamber comme une crêpe-Suzette) de desserts comme le Paris-Brest ou, plus luxe, le trianon ou gâteau royal (allez voir, c’est hypnotisant). Ensuite, rien ne vous interdit de le mélanger à du chocolat, afin d’obtenir… du chocolat praliné.

Ce qui nous donne :

Praslin (pratronyme)

praline (n.f.)
antonomase

praliner (v.)

pralin (n.m)

praliné (n.m)

!! risques de caries !!
brossez-vous les dents après lecture de cet article

Ce procédé de création de mots s’appelle la dérivation.

dérivation, n.f. : création d’un nouveau mot en ajoutant un préfixe ou un suffixe à un mot déjà existant. En savoir plus.

L’essentiel en quelques points

  •  praline vient du nom du comte de Plessis-Praslin, maître d’un chef cuisinier qui aurait inventé cette confiserie au XVIIè. S.
  • culcul-la-praline signifie niais, idiot, et est composé du dédoublement de « cul », accompagné d’un nom féminin qui en augmente l’intensité

Sources

https://www.mazetconfiseur.com/historique.html
https://ileauxepices.com/sucres/413-pralin.html
http://www.cnrtl.fr/definition/noix
http://www.cnrtl.fr/definition/cucul
http://terroirs.denfrance.free.fr/p/produits_terroirs/centre_val_de_loire/praslines_mazet.html

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