Gobelet de café avec une paille verte dans le sable face à la mer.

Origine du nom de Starbucks : Le roman célèbre qui l’a inspiré

Que signifie le nom de la célèbre chaîne de cafés, Starbucks ? Comment a-t-il été choisi ? Pourquoi avoir choisi la sirène en logo ? L’étymologie va nous éclairer sur le sujet !

Née en 1971 à Seattle, la marque a eu un immense succès dans le monde et l’on retrouve des salons de la chaîne dans toutes les capitales, et de nombreuses villes.

La grande question du jour est : quel est le lien entre un café, un roman anglais et une sirène ?

Qui est Starbuck ?

D’après le site de Starbucks, la chaîne de cafés tire son nom d’un classique de la littérature anglophone: Moby-Dick de Herman Melville. On suit les aventures d’un équipage de marins chasseurs de baleine. Starbuck est un membre de l’équipage, il est courageux et le seul à opposer la lubie monomaniaque de son capitaine qui ne rêve que d’une chose : se venger d’un célèbre cachalot qui l’a jadis blessé.

Bonne pioche ! Cet article est un épisode d’une série sur ce thème !


Mini-série sur la sirène, ses représentations et ses étymologies

Épisode 1 : Origine du mot mermaid
Épisode 2 : Origine du nom de Starbucks et de sa sirène à deux queues
Épisode 3 : La sirène : histoire du mot et de la femme ailée devenue aquatique


Gobelet de café avec une paille verte dans le sable face à la mer.
Starbucks tire son nom d’un classique de la littérature anglophone. Image de Nadine Shaabana pour Unsplash.

Pourquoi avoir choisi ce personnage ?

Quand on pense à Starbucks, on ne pense pas forcément à une passion commune pour la littérature américaine du XIXe siècle qui unirait les lecteurs à une boisson excitante comme, disons, le café ! Alors pourquoi avoir choisi ce personnage de fiction pour baptiser l’Empire-du-café-en-gobelet-en-plastique ?

Tout d’abord, il faut préciser que ce blog d’étymologie ne fait pas que de l’étymologie. Aujourd’hui, c’est en effet de l’onomastique qu’il est question, car Starbucks est ici un nom propre.

onomastique, n.f. : étude des noms propres.


Étude d’un nom propre : De Severus Snape à Rogue : significations d’un nom qui le prédestinait au Mal


Le choix d’un marin de fiction viendrait d’après le site de Starbucks d’une volonté d’honorer la mémoire premiers négociants en café qui sillonnaient les sept mers.

Le site Starbucks, Stories & News dit aussi que ce choix vient rendre hommage à la ville d’origine de Starbucks , Seattle, est une ville maritime avec un port et qu’encore aujourd’hui le café de Starbucks est livré dans ce port par conteneurs.

Moby-Dick est en prime une référence, un livre culte, et non un obscur torchon tombé dans l’oubli. Starbucks est ce qu’on appelle en anglais le sidekick, à l’instar de Ron pour Harry, d’un capitaine un peu spécial.


Merci de lire Le Détective des Mots

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Résumé espresso de Moby-Dick, de Herman Melville

Pour la faire très simple, Moby-Dick, c’est l’histoire d’une très gros cachalot appelé Moby-Dick, qui a mis un capitaine de bateau très en colère. Le capitaine en question, appelé Ahab, passe donc tout le pavé à vouloir se venger de Moby-Dick. C’est l’histoire du Capitaine Crochet et du crocodile qui a mangé sa main, mais version grosse baleine, quoi.


Sur le même sujet : Thé et chaï sont un seul mot pour une même boisson !


5 faits sur Moby-Dick

  1. La phrase d’ouverture est l’une des plus célèbres de l’Histoire littéraire anglophone. « Call me Ishmael. » soit « Appelle-moi Ishmael ». Ishmael raconte l’histoire car c’est SPOILER ALERT le seul survivant du navire du capitaine Ahab ;
  2. Il y a un trait d’union à Moby-Dick, je le sais, j’ai dû rajouter 5 000 traits d’union dans cet article ;
  3. Le cachalot fictif Moby-Dick est inspiré d’un véritable cachalot albinos nommé Mocha Dick qui a détruit plusieurs navires avant d’être tué en 1838 ;
  4. Le premier prélude (un chapitre au début du livre) s’attarde sur l’origine du mot « whale » : la baleine #teamétymologie ;
  5. Les chapitres 46 à 105 sont une énooooorme digression (59 chapitres, s’il-vous-plaît !) qui entre dans les moindres détails de la science des baleines, cachalots, dauphins et tout (la cétologie), un historique minutieux des techniques de pêche, de l’industrie autour des produits dérivés de la baleine (on la chassait pour faire de l’huile, et récupérer. Passionnant, hein ? Non ? Rappel : les Droits du Lecteur autorisent à SAUTER des chapitres, haha !

Pourquoi Starbucks a pris une sirène pour logo ?

L’emblème de Starbucks, une sirène à deux queues verte sur fond blanc, a fait couler beaucoup d’encre (notamment à propos de sa poitrine généreuse qui a fini par disparaître totalement). Pourquoi avoir choisi une sirène ? On est bien d’accord qu’entre une baleine et une sirène, il n’y a bien que la queue en commun (hrm hrm). Alors quel est le lien entre la référence à Moby-Dick dans le nom et la sirène du logo ? Et surtout, pourquoi a-t-elle deux queues ? Cette question intrigue tout l’internet, alors mettons tout cela au clair.

La sirène a été choisie pour montrer le lien entre la marque Starbucks et la mer. C’est d’autant plus utile que peu de personne font le lien entre Starbucks et le personnage dans Moby-Dick.

Sur le site Starbucks, Stories & News, il est dit que l’emblème est appelé en anglais, non pas mermaid, la sirène-poisson, mais siren, qui serait une sorte de « super mermaid », parfois représentée avec deux queues.

C’est une drôle d’affirmation, car le mot siren en anglais désigne exclusivement la créature mythologique ailée ! Pour en savoir plus, rendez-vous au chapitre 3 de cette série sur les sirènes.

Si les emblèmes des marques qui nous entourent vous intéressent, saviez-vous que Coca-Cola n’a pas rendu le manteau du Père Noël rouge ?


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Pourquoi choisir une sirène à deux queues ?

Le choix de l’emblème est, d’après le site Starbucks, Stories & News, inspiré d’une ancienne représentation de sirène à deux queues trouvée dans un livre.

Premier intérêt des deux queues de la sirène : l’harmonie de la symétrie pour le regard :

« J’aurais aimé insister sur les compositions les plus courantes, sirènes tenant leurs deux queues pour un beau schéma équilibré. »

Bousquet Jacques. Jacqueline Leclercq-Marx.

C’est vrai qu’une sirène ordinaire, à moins qu’elle soit raide comme un piquet, ça déséquilibre la composition d’un côté ou de l’autre, en fonction du bras avec lequel elle tient sa queue. Mais bon, ça serait un peu simpliste comme approche. La géométrie, c’est marrant, mais les gens ne se sont certainement pas mis à vandaliser des cailloux avec une variante à deux queues pour le plaisir des mathématiciens !


A lire aussi : La sirène : histoire du mot et de la femme ailée devenue aquatique


Pour aller plus loin, un chercheur avance que le dédoublement d’un membre est une anomalie physique et implique que son porteur est un monstre.

cette monstruosité est assurément péjorative, infernale — on le verra plus loin —, comme c’est souvent le cas pour les anomalies animales ou humaines, doubles ou multiples.

W. Deonna

L’auteur va effectivement plus loin. Les animaux dédoublés présageraient un caractère malveillant, comme la duplicité et la trahison !

La duplicité physique de ces monstres implique-t-elle une « duplicité » morale, une apparence qui trompe par des actions ou des paroles à double face, une âme perfide, traîtresse? On parle bien dans ce sens d’un cœur double, d’êtres doubles de cœur (!).

W. Deonna

L’essentiel

  • Starbucks a emprunté son nom à Starbuck, un marin dans le roman Moby-Dick d’Herman Melville

Sources

https://www.universalis.fr/encyclopedie/moby-dick-ou-la-baleine/1-le-combat-contre-la-baleine/
https://www.britannica.com/topic/mermaid
https://www.starbucks.fr/about-us%2Fnotre-histoire
https://stories.starbucks.com/stories/2016/who-is-starbucks-siren/
https://study.com/academy/lesson/moby-dick-etymology-extracts.html
http://www.lavieb-aile.com/article-mes-notes-de-lecture-de-moby-dick-115392516.html

https://www.britannica.com/topic/Siren-Greek-mythology

Bousquet Jacques. Jacqueline Leclercq-Marx. — La sirène dans la pensée et dans l’art de l’Antiquité et du moyen âge. Du mythe païen au symbole chrétien. » Bruxelles, Acad. royale de Belgique, 1997.. In: Cahiers de civilisation médiévale, 42e année (n°167), Juillet-septembre 1999. pp. 297-301. https://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_1999_num_42_167_2760_t1_0297_0000_4

Deonna W. « Salva me de ore leonis ». A propos de quelques chapiteaux romans de la cathédrale Saint-Pierre à Genève. In: Revue belge de philologie et d’histoire, tome 28, fasc. 2, 1950. pp. 479-511. DOI : https://doi.org/10.3406/rbph.1950.1876 www.persee.fr/doc/rbph_0035-0818_1950_num_28_2_1876

https://stories.starbucks.com/stories/2016/who-is-starbucks-siren/

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