D’où vient le mot acédie ? Que signifie-t-il ? Ce courrier des lecteurs nous emmène au tout début du christianisme, lorsque la liste des sept péchés capitaux n’était pas encore gravée dans la pierre, d’ailleurs, il n’y en avait même pas 7.
J’aurai peut-être une enquête privée sur l’étymologie sur le mot « Acédie ». Lors de mes recherches sur les pêchées capitaux, je suis tombée sur ce mot qui semble être oublier dans le Français moderne. L’enquête sera peut-être rapide, mais redécouvrir un mot oublié serait plus intéressant.
Petite Dys Curieuse
Merci Petite Dys Curieuse pour cette très bonne question. Quelles recherches passionnantes ! Je me suis donc à mon tour plongée dans l’Histoire des péchés capitaux.
Le Courrier des lecteurs, ce sont de vraies questions de lecteurs du blog avec de vrais morceaux de lecteurs dedans. Vous ne trouvez pas l’étymologie d’un mot ou vous avez envie de me lancer un défi étymologique ? Venez me poser votre question !
Les sept péchés capitaux
Si vous tenez la porte et que vous brossez les dents après chaque repas, vous avez toutes vos chances d’aller au Paradis. Mais si vous mangez un éclair au café un peu vite ou que vous donnez un coup de pied au chauffage pour le faire marcher, ce n’est pas la même affaire !
La religion chrétienne a en effet une liste de fautes irréparables, et si un Chrétien les commet trop souvent, il ira griller avec Satan. Ce sont les sept péchés capitaux : la gourmandise, l’avarice, la colère, l’envie, l’orgueil, la paresse et la luxure.
Sauf que cette liste n’est pas tombée du ciel. Les premiers Chrétiens ont mis des années à se décider sur les pires fautes qui peuvent mériter le barbecue éternel. Nous connaissons la version décidée sous le pape Grégoire Ier, oui, celui-là même qui a inventé le calendrier grégorien que nous utilisons chaque jour, et il avait des goûts musicaux du tonnerre.
Comme on le voit, l’acédie n’a pas été retenue au casting. Elle faisait partie d’une première liste des péchés capitaux au IVe siècle. ET il y en avait huit en tout à l’origine.
Définition de l’acédie
Celui pour qui l’acédie méritait la pire sentence s’appelait Evagre le Pontique (pourquoi Pontique ? Car il venait de la région du Pont, en Turquie actuelle). Sa liste dite de « Mauvaises pensées » comportait : la gourmandise, la fornication, l’avarice, tristesse colère, vaine gloire, et, donc, l’acédie.
Mais alors, qu’est-ce que c’est ? L’acédie, c’est quand les principales tâches que doit faire le religieux — comme la prière, la lecture spirituelle et la pénitence — ne lui inspirent que de l’ennui et du dégoût. Avoir une panne de prière, cela ne passait pas du tout à l’époque des premiers Chrétiens.
Elle rend le moine incapable de tenir en place, sa cellule le rend claustrophobe. Et d’après Evagre, l’acédie est notamment provoquée par le démon de midi.
Vous savez ? Ce coup de barre après manger. Aux heurs les plus chaudes de la journée. Cette irrésistible envie de ne rien faire. C’est elle. L’aédie.
Pourquoi l’acédie a-t-elle été effacée des péchés capitaux ?
Son sens s’est perdu, d’abord elle s’est confondu avec la tristesse, puis plus tard avec la paresse. Devenue redondante, elle a été enlevée au profit de la paresse.
Origine du mot acédie
L’étymologie d’acédie vient du grec classique akêdia, « indifférence » ou « chagrin ». On retrouve donc dans son essence même la notion de désintérêt (ici, pour la prière, imaginez-vous ! Aux Enfers, presto !).
Si vous avez une question étymologique sans réponse, venez me la poser ici, je serai ravie de la lire !
Sources
SITES | https://eglise.catholique.fr/
RECHERCHE |Despland, Jean-Nicolas. « La tristesse en présence de Dieu : de l’acédie à la mélancolie », Psychothérapies, vol. vol. 33, no. 2, 2013, pp. 71-80. https://www.cairn.info/revue-psychotherapies-2013-2-page-71.htm