L’Origine du mot zombie : du vaudou aux films gores

D’où vient le mot zombie ? Que voulait -il dire à l’origine et comment en est-il venu à avoir sa signification actuelle ? Trigger Warning : viol, meurtre, tripes, cervelle dégoulinante, musique de ballet, enfants s’abstenir.

Étymologie de « zombie »

Le mot zombie vient du créole haïtien. Il signifie à l’origine « dieu-serpent », et désigne le pouvoir surnaturel même qui réanime les morts. On note une petite friandise étymologique dans les années 1830 : en Guadeloupe, un fruit empoisonné s’appelait pomme zombie, et c’est très chou. Le mot zombie reste très rare en français métropolitain jusque dans les années 1950 où un intérêt pour le vaudou haïtien se développe.

Des États-Unis dans les années 1970 nous vient l’extension sémantique « personne sans volonté ». Question famille étymologique, il existe par ailleurs un adjectif très rare : zombiesque, pour parler de ce qui est relatif aux zombies, les histoires de zombies par exemple, que vous pouvez choisir d’adopter.

Des concepts semblables au zombie haïtien existent dans d’autres folklores, bien évidemment. Épaulez votre tronçonneuse et enfilez vos lunettes protectrices, nous nous téléportons dans le Budapest du XVIème siècle où une brume pleine de mystères recouvre la ville grouillante de créatures fantastiques…

Deux mains sales sortant de terre sur fond de mer ombrageuse.
L’origine du mot zombie prend ses racines dans les cultes vaudous d’Haïti.

Les revenants dans le folklore juif

Le golem, intelligence artificielle avant l’heure

Le golem est une créature animée à partir d’une image. Sa signification actuelle remonte au Moyen-Âge, où des légendes ont émergées relatant les faits surnaturels accomplis par des sages qui animaient des représentations picturales en plaçant une inscription écrite sur un morceau de papier et placée dans la bouche du golem ou collée à son front. Retirer le mot renvoyer le golem à son état inanimé. Dans les premières légendes, le golem faisait office de serviteur parfait, son seul défaut était qu’il exécutait les ordres de son maître de manière mécanique et parfois trop littérale. Au XVIème siècle, le golem devint le protecteur des Juifs à une époque où les persécutions se sont multipliées de façon exponentielle.


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On remarquera que la créature de Frankenstein créée par Mary Shelley une nuit d’octobre en compagnie de Lord Byron et son médecin John Polidori, auteur du tout premier roman de vampire moderne (et pas Bram Stocker, ce sale copieur) ressemble beaucoup à un zombie de fabrication humaine, animé non pas par un mot écrit, mais par l’électricité, reflet des avancées scientifiques ahurissantes de son époque.

Le plus célèbre conte est celui d’un golem créé à Prague par un rabbin du XVIème siècle appelé Judah Löw Ben Bezulel. Sérendipité de guedin : j’avais lu pour Halloween il y a deux ans la saga dark academia A Discovery of Witches de Deborah Harkness (à lire en V.O., la traduction française est affreuse, d’après ce que m’a dit M.), et ce rabbin y fait un cameo en string (presque). 

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Le dibbouk, revenant de poche à emporter partout avec soi

Issu des légendes juives particulièrement en vogue au XVIème et XVIIème siècle, le dibbouk est un esprit humain désincarné et malveillant. Dibbouk דיבוק‎ est un mot hébreu (au pluriel dybukkim, car le pluriel des noms masculins hébreu se termine toujours en -im) qui est dérivé du verbe hébreu,  דָּבַק‎ dāḇaq signifiant adhérer, s’accrocher (c’est archi méga trop cool, ça, non ??). Les péchés commis avant son décès par quelqu’un l’empêchent d’atteindre la paix dans l’au-delà, et au lieu de rester mort comme la politesse l’exigerait dans cette situation, il revient hanter les vivants. Surtout un en particulier, à savoir l’hôte sur lequel il a jeté son dévolu et qu’il va posséder pour toujours ! Gasp. La légende dit que l’hôte porte son revenant-parasite sur son dos, ce qui doit être très inconfortable et que je trouve personnellement très profond.

Un homme d'âge mûr quitte le berceau de sa Vie portant un dibbouk sur son dos et se dirige vers sa mort symbolisée par une tombe déjà prête à l'accueillir.
Un homme d’âge mûr quitte le berceau de sa Vie portant un dibbouk sur son dos et se dirige vers sa mort symbolisée par une tombe déjà prête à l’accueillir. (Un dibbouk par Ephraim Moshe Lilien (1874–1925) dans le Livre de Job.)

[Attention, ce paragraphe mentionne une pénétration vaginale] Traditionnellement, le dibbouk était le plus souvent de genre masculin, et possédait les femmes la veille de leur mariage, sexuellement et en passant par leur vagin. Euh comment dire, les gars, berk et pourquoi ces légendes sont-elles si détaillées ?

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Pour se débarrasser d’un dibbouk, la solution la plus efficace reste l’exorcisme par un rabbin. La victime peut aussi emprisonner son dibbouk dans une armoire. Seul problème, et non des moindres, ouvrir par mégarde un meuble contenant un dibbouk attire malchance et ennuis de santé. On peut « léguer » le meuble hanté à une naïve victime et retrouver ainsi une vie normale.

Je me permets une extrapolation un chouïa grand-écart, mais faut quand même avouer que ça rappelle vachement les épouvantards dans Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban, et je pourrais même aller plus loin et dire que la possession du professeur Quirrell par Voldemort dans Harry Potter à l’école des sorciers ressemble de façon intéressante à celle d’un dibbouk qu’il porte à l’arrière de sa tête.


À lire aussi : D’où vient le nom du professeur Quirinus Quirrell ?


La bagatelle de l’enquête, c’est que le compositeur de West Side Story, film musical de Robert Wise et Jerome Robbins (1961), Leonard Bernstein, a composé une musique pour un ballet entier appelé Dybbuk ! (Aux personnes non averties, il pique un peu les oreilles alors soyez prévenues:)

3 points essentiels sur le mot zombie

  • zombie est un mot issu du créole haïtien ;
  • il signifie à l’origine « dieu-serpent » et désignait le pouvoir surnaturel de réanimer les morts ;
  • En Guadeloupe dans les années 1830, le mot pomme-zombie désignait un fruit empoisonné.

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Par le Détective des Mots

Je pense que des années à barboter dans un bain harrypotterien m’a fait développer un intérêt notable pour tout ce qui a trait aux sorcières, à Halloween et aux monstres qui hantent nos nuits. J’ai donc fêté Halloween en phosphorant sur la nature et la culture des zombies et des vampires du Néolithique à nos jours (hrm), petite réflexion sans prétention que je vous offre à la lecture ci-après.

Aviez-vous déjà remarqué que les zombies et les vampires tuent ET transforment par leur morsure leurs victimes en un monstre à leur image, tandis que les sorcières n’offrent qu’un aller-simple en cercueil ?

Mon interrogation portait sur le fait que les sorcières peuvent enfanter, et les vampires et les zombies, non. Pourquoi ce fait-ce (fesse, hahaha) ? Étant simplement des êtres vivants dotés de pouvoirs magiques, elles peuvent avoir des bébé-sorcières. Le point commun entre les zombies et les vampires, c’est qu’ils sont des revenants, et ne sont donc plus en mesure de se reproduire par voie naturelle. Ils n’ont donc d’autre solution pour la perpétuation de leur espèce, que de tuer afin de transformer leur victime à leur image.

Ils enfantent en quelque sorte en donnant la mort.

Puissant, le machin.

(On pourrait aussi partir dans la direction que les sorcières sont des femmes et les autres souvent représentés dans le genre masculin, qui ne peut porter la vie, la stérilité de la mort, la stérilité forcée de l’homme, l’homme comme représentation de la Mort, dépendant des organes génitaux féminins, la femme comme source jaillissante de la Vie, et ça les a défrisés alors ils se sont inventés un mode de reproduction à eux, je ne sais pas si cette réflexion va quelque part, mais voilà).

Autre aspect intéressant, l’extermination de chacune de ces créatures cauchemardesques. Le vampire a un cœur monstrueux : impossible à combler par de l’Amour, qui l’a rendu séducteur détraqué, amoureux à l’appétit non plus charnel mais cannibale, il comble le vide dans son cœur en tuant ses victimes. Il faut alors percer son cœur, il faut littéralement lui briser le cœur, pour le renvoyer à son état normal, c’est-à-dire mort et enterré.


Pour aller plus loin : Origine du mot vampire


Le zombie n’a plus d’intellect, il n’est qu’agressivité, force bestiale, a laissé toute trace de civilisation derrière lui et est réduit à une brute épaisse. Il mange des cerveaux pour combler le vide laissé par l’absence du sien, il faut alors l’anéantir en lui tranchant la tête. Pour chacun d’eux, la boucle doit être bouclée afin que le monstre soit exterminé.

Nos deux joyeux lurons s’approprient le corps de leur victime, le possèdent, volent leur essence en un viol brutal et plus ou moins symbolique.

Sources

SITES |https://fr.wikipedia.org/wiki/Dibbouk | https://en.wikipedia.org/wiki/Dybbuk#cite_note-8 | https://www.britannica.com/topic/golem-Jewish-folklore | https://www.britannica.com/topic/dybbuk-Jewish-folklore

LIVRES | Le Dictionnaire historique de la langue française, Alain Rey, Le Robert, 2019

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