Comprendre l'étymologie. Image libre de droit par Ian Dooley pour Unsplash.

Glossaire des termes techniques de l’étymologie

Afin de comprendre avec facilité l’évolution d’un mot dans le temps, il existe quelques concepts bien utiles. Ce glossaire est une sélection des termes techniques essentiels à la compréhension des subtilités de l’étymologie. Le tout avec un brin d’humour, parce que c’est le style de la maison.

étymologie, n.f. : étude de l’origine des noms communs. Pour aller plus loin : L’origine du mot étymologie

onomastique, n.f. : étude des noms propres. Exemple avec Harry Potter : De Severus Snape à Rogue : significations d’un nom qui le prédestinait au Mal

Les origines d’un mot

emprunt, n.m. : mot ou expression qu’une langue emprunteuse pique à une langue dite prêteuse. En gros, toutes les langues volent sans complexe des mots à leurs voisines. Garrus distingue trois catégories d’emprunt : (1) les emprunts naturels, (2) les emprunts indirects qui concernent les mots volés par le biais d’une langue intermédiaire (ex : abricot) et (3) les emprunts savants qui sont de la récup’ dans des langues qui font chic (latin classique, grec ancien) par des scientifiques qui ont besoin de nouveaux mots pour leur tout dernier domaine (ex : apiculteur).

  • emprunt aller-retour, mot voyageur : un mot est piqué par une langue dite « emprunteuse ». Jusque-là, rien que de très normal pour un mot emprunté. SAUF QUE la langue voleuse va modifier le sens pour l’adapter à ses besoins et langue prêteuse (celle qui s’était fait piquer son mot) emprunte alors son mot customisé par le voisin avec son nouveau sens ! C’est le retour du Jedi. Exemple : la jaquette de livre vient de l’anglais jacket, qui lui-même vient originellement du français jaquette, l’habit. On les appelle aussi remprunt, emprunt de retour ou navette d’emprunt.

étymologie obscure, n.f. : mot dont la généalogie s’arrête avant d’être remonté jusqu’à son plus ancien aïeul. Autrement dit : frustration intense.

calque, n.m. : une langue invente un mot avec un concept novateur, une autre langue trouve le mot trop cool, et va traduire littéralement l’idée avec ses mots à elle pour avoir le même concept dans SA langue à elle. Exemple : l’anglais dandelion que l’on retrouve adapté en français et en allemand.

dérivation, n.f. : création d’un nouveau mot en ajoutant un préfixe ou un suffixe à un mot déjà existant. Exemple : praliné. L’inverse est aussi possible en enlevant les préfixes ou suffixes (voir plus bas pour la définition de ces deux termes), comme le déverbal.

déverbal, n.m. : Ça veut dire qu’un jour on a pris un verbe, par exemple engraisser et snip snip ! on l’a amputé de son suffixe de verbe pour créer un nom commun : engrais.

épicène, adj. : mot souvent construit au masculin qui n’est considéré ni de genre féminin, ni masculin, et qui englobe les deux. Exemple : auteur.

néologisme, n.m. : mot inventé par quelqu’un, un jour d’inspiration néologistique, qui est repris par des gens, et entre ensuite dans la langue à tel point que tout le monde l’utilise en oubliant qu’à l’origine c’était juste l’idée d’un hurluberlu. Exemple : farfelu.

  • hapax, n.m. : mot inventé par quelqu’un et employé UNE fois, sauf que ça ne prend pas et il est le seul à jamais avoir employé une seule fois son mot. Synonyme : néologisme à usage unique. Exemple : illunés.

Merci de lire Le Détective des Mots

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Les composants du mot

radical, n.m. : c’est la partie du mot qui porte le sens, dans existance, c’est « exist- » qui porte le sens (le fait d’exister). Cette brique de Lego centrale permet de fixer des briquettes avant ou après dessus.

préfixe, n.m. : briquette de Lego qu’on ajoute au début du mot pour en changer le sens. Par exemple, le préfixe « in » indique souvent la négation de ce qui suit. Inactif est le contraire de actif.

suffixe, n.m. : section qui s’ajoute à la fin d’un mot pour en modifier la classe grammaticale. Exemple : chant (nom) ⇢ chanter (verbe) (c’est donc le dérivé de « chant », voir plus haut pour la définition de dérivation).

Les modifications phonétiques

métaplasme, n.m. :

  • aphérèse, n.f. phénomène phonétique de la famille des métaplasmes (et pas des cataplasmes, attention) où un mot perd des sons situés au début. Il est fréquent dans le langage courant (wesh). Exemple : autobus ⇢ bus.
  • apocope, n.f. phénomène phonétique de la famille des métaplasmes où un mot est amputé de sons situés à la fin. Exemple : cinématographe ⇢ cinéma. C’est le phénomène d’évolution phonétique le plus fréquent, entre autre dans le passage du latin antique au français récent. C’est dû à ce qu’on appelle le sens du moindre effort. Synonyme : la flemme d’articuler. La fin d’un mot est souvent inaccentuée en latin. Pouf ! Elle disparaît au fil des siècles et les mots raccourcissent. L’argot et le verlan amputent aussi les fins de mots pour les mêmes raisons.

métathèse, n.f. : lorsque deux sons sont inversés dans un mot, venu de l’italien formaggio, formage (oui, oui, à l’origine c’était foRmage) est devenu fromage. Exemple : lemon curd.

mot-valise, n.m. : mot nouveau formé du début d’un premier mot et de la fin d’un deuxième mot : carambolage néologistique. Exemple : casseille.

prosthèse, n.f. : Pourquoi dit-on spugna en italien mais « éponge » en français ? La disparition des « s » en début de mot dans le passage du latin antique au français récent s’appelle une prosthèse. Le « s » disparaît au profit d’un « é » (en passant par une étape intermédiaire : « es »). Pourquoi les « s » se volatilisent-ils en passant la frontière italo-française ? La raison ? Le sens du moindre effort : l’association s + p/t/k (dites consonnes plosives) en début de mot nécessite un gros effort et de la bonne volonté (on répète 5 fois très vite : « mais qu’est-ce que ces skis qui se cassent ? »). Au fil du temps, ces mots sont déformés, mâchouillés, ramollis pour être plus simples à prononcer à toute vitesse. Exemple : skiurios ⇢ sciurius ⇢ sciuriolus ⇢ escuriuel ⇢ écureuil. (qui se plaignait que écureuil était difficile à orthographier ? Alors, c’était mieux avant ? Haha !).

Schéma : [ s + p/t/k ]⇢ [ es + p/t/k ] ⇢ [ é + p/t/k ].

  • agglutination, n.f. : Lorsque deux mots se collent proprement ensemble. Exemple : gens + d’armes = gendarmes. L’agglutination d’un déterminant et d’un mot est fréquente chez les enfants (« le zoizeau ») et parfois lié à la difficulté de compréhension d’un mot en langue étrangère. Exemple : l’orange.

Les figures de style

antonomase, n.f. désigne un nom propre (Eugène Poubelle) devenu nom commun (une poubelle). Autrement dit, quand quelqu’un a fait un truc tellement ouf qu’on prend son nom pour désigner cette chose (Eugène doit être ravi…).L’antonomase est composée du grec anti « à la place de » et noma, le « nom », soit « à la place du nom », le mot a été créé par les Grecs anciens pour désigner ce phénomène et a été repris par les Romains avant d’arriver en français. C’est donc un très vieux mot ! Exemple : amphitryon et sosie venant des mythologiques Amphitryon et Sosie.

Métonymie, n.f. : habitude frisant l’obsession des poètes (entre autres) d’utiliser un mot pour un autre mot, qui a une relation avec le premier, de type le contenu et le contenant (« boire un verre » au lieu de « boire de l’eau », ça se boit pas, le verre, mais bon, bravo pour l’image), l’effet et la cause, son lieu d’origine et l’objet. Exemple : filigrane.

7 réflexions sur “Glossaire des termes techniques de l’étymologie

  1. Intéressant, cette petite mise au clair ! Je connaissais la plupart des termes, le problème étant que je finis toujours par les oublier et me dire « ah mais ouiii ! « . Par contre, c’est volontaire le choix d’auteur pour illustrer épicène alors qu’autrice se fait de plus en plus entendre ?

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    • Coucou L’ourse bibliophile 🙂 J’avais aussi besoin d’un aide-mémoire, car ces concepts me sont utiles dans beaucoup d’articles, comme cela, nous sommes deux à en apprécier l’existence ! 🙂
      Je suis ravie que tu poses cette question ! En effet, j’ai choisi exprès le mot auteur car le processus qui l’a amené à évincer autrice et à devenir épicène est très intéressant, et j’ai écrit tout un article sur l’histoire du mot autrice ici : https://wp.me/p9NTIS-L4.

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      • Un lexique bien utile en effet ! (Tiens, quelle est la différence entre « lexique » et « glossaire » ? A chercher, pour ma part…)
        Je connais l’histoire du mot « autrice/auteur » (merci Eliane Viennot !), mais du coup, peut-être « auteur » ne restera plus épicène très longtemps ! ^^

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        • Et peut-être que d’autres mots épicènes suivront son exemple ! J’espère que d’autres personnes s’interrogeront sur le certain sexisme de la règle des épicènes en lisant ce glossaire et l’article qui va avec. C’est chouette de trouver quelqu’un d’aussi bien renseigné sur la question en tout cas 😊
          Un glossaire est un type de lexique qui explique les termes spécialisés employés dans un ouvrage.

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